Juliette

Publié le par Eryndel Lùvalan

Ecrit entre le 21/01/2010 et le 27/01/2010

danseuse-glace.jpgC'était en sortant de l'Opéra...

Les yeux encore éblouis par Le Casse-Noisette, l'un des plus beaux ballets du répertoire, Juliette prenait à peine garde à ce qui l'entourait.

La tête pleine encore des splendeurs baroques de ce lieu hanté, dit-on, autrefois, d'un fantôme amoureux, l'enfant se laissait machinalement entraîner par ses parents dans la foule parisienne en effervescence.

Plongée dans cette rêverie émerveillée, elle n'entendit pas le hurlement des freins, ni ne sentit le choc violent, douloureux qui rompait ses os fragiles, ni ne vit les gens affolés qui se précipitaient vers le lieu de l'accident. Seul le contact soudain de la neige froide sous son dos fit redescendre la petite fille sur terre. Brutalement, toutes les sensations de son corps blessé s'abattirent sur elle, et elle aperçut, à côté d'elle, un couple méconnaissable, couvert de sang. Ses parents ? Que s'était-il passé ?

 

Noir.

 

Quand la fillette prit-elle conscience de l'obscurité qui l'entourait ? Elle était bien en peine de le dire. Quoi qu'il en soit, elle se sentait étrangement à l'étroit dans cette vaste nuit. Elle leva les mains devant ses yeux, et les rapprocha jusqu'à les apercevoir, ombres plus noires que le reste des lieux privés de lumière. En hésitant, elle se leva, avança d'un pas, de deux. La douleur la fit grimacer. Allons, elle n'était pas morte. Peut-être se trouvait-elle dans un hôpital ? Et pourtant, nul bruit ne se faisait entendre. Etrange... Quoi qu'il en soit, la petite voulait en avoir le coeur net. Elle se remit donc à marcher en boitillant, avant de se heurter à un mur.

Doucement, elle y posa une main en aveugle ; le mur s'avéra doux, lisse, un peu frais. Elle décida alors de poursuivre sa progression en suivant ce mur. Elle pourrait ainsi trouver une ouverture, une porte qui lui permettrait de sortir d'ici...

 

 

Cet endroit n'était pas une chambre d'hôpital : elle était revenue à son lit sans que le mur ne tournât à angle droit ; la pièce était donc ronde, et elle n'avait aucune porte par-dessus le marché. Où se trouvait-elle donc ? Si seulement il y avait de la lumière, elle pourrait au moins se rendre compte de l'apparence des lieux, et, à partir de là, faire des conjectures...

Tout à coup, elle crut percevoir un murmure lointain, comme une mélodie triste aux accords déchirants, qui lui faisait battre le coeur et venir les larmes aux yeux ; une voix mélodieuse, pure comme le cristal, qui chantait sans paroles, avec un accent irréel. Fascinée, l'enfant écoutait de toutes ses oreilles la complainte divine qui devenait de plus en plus claire, de plus en proche. Bientôt, il sembla à la fillette que la chanteuse à la voix de fée était dans sa chambre, bien que ses yeux ne pussent en juger.

Le chant se tut. Une main se posa sur son épaule ; elle sursauta, se tourna et crut entrevoir une silhouette sombre.

« Chuuut ! Suis-moi. »

Ces mots, prononcés par celle-là même qui avait enchanté la fillette par sa voix, tombèrent dans son coeur comme des gouttes de rosée parfumée et l'inquiétude vague qui l'avait hantée s'effaça miraculeusement. À tâtons, elle trouva la main douce et satinée de celle en qui elle voyait une fée maternelle et bienveillante. Celle-ci la guida sans hésitation, d'un pas si léger que la petite ne parvenait pas à l'entendre, jusqu'au centre de la pièce.

« Attention, il y a un escalier. »

Toutes deux montèrent avec précautions, l'une guidant l'autre avec patience pour lui éviter de tomber, car les marches étaient hautes et raides, et une trappe s'ouvrit comme par enchantement, laissant passer un flot de lumière dans la pièce où l'enfant s'était réveillée. Se retournant, elle vit avec étonnement que l'obscurité n'était pas chassée par cette lumière, mais qu'elle semblait au contraire l'absorber...

« Juliette ! Dépêche-toi, enfant. Il ne faut pas que la noirceur de cet endroit s'échappe au-dehors. »

L'enfant obéit, mais nota dans un coin de son esprit les questions qui montaient à ses lèvres, tandis qu'elle découvrait le spectacle qui s'offrait à elle...

« C'est magnifique... souffla-t-elle, subjuguée, écarquillant ses prunelles noisette. Devant elle, ce n'était que tours étincelantes de blancheur, arches transparentes illuminées par les rayons d'or pâle du soleil qui les paraient de leur éclat, statues de glace raffinées représentant quelque fées tenant ou brandissant des cristaux aux teintes irisées... Tout, en fait, n'était que glace et neige immaculée. D'ailleurs, Juliette s'en rendit compte tout à coup, il faisait très froid, ici... On jeta un manteau épais, de couleur blanche, sur ses épaules. Pour remercier sa libératrice, la fillette leva les yeux sur elle ; mais alors, elle eut le souffle coupé en voyant son visage : l'étrange femme arborait un visage aux traits harmonieux, du même blanc bleuté que la neige, et semblait couvert de givre scintillant dans la lumière. Ses iris d'un gris argenté n'avaient pas de pupille. Sa chevelure blanche était couronnée de glace et sur sa robe blanche drapée avec majesté autour de sa taille souple et élancée, elle portait une longue cape immaculée.

Remarquant la fascination de l'enfant, la majestueuse fée sourit tristement.

« La beauté de ces lieux n'a rien de si merveilleux, Juliette... Elle est le résultat d'une malédiction. Mon royaume se meurt. Les statues que tu aperçois sont les fées qui n'ont plus eu la force de lutter contre le froid ; les tours de glace renferment dans leur gangue mortelle les arbres qui couvraient ce pays de leurs murmures apaisants et de leur verdure enchanteresse ; ils n'avaient pas leur pareille dans le monde des hommes, oh non !... »

Elle poussa un soupir, et un nuage de givre s'échappa d'entre ses lèvres, puis elle poursuivit :

« J'ignore comment tu es arrivée ici, mais cela ne peut signifier qu'une chose : le Royaume des fées peut encore revivre. La Nature – et elle appuya sur ce mot – peut encore échapper à la mort que les humains lui donnent lentement dans leur course à l'industrie et à l'argent... »

Changeant brusquement de sujet, elle s'agenouilla devant la petite fille et, la regardant fixement, demanda :

 

« Sais-tu ce que contenait cette chambre où tu t'es réveillée, Juliette ?

- Non...

- Le Néant... Le Noir Absolu, qui dévore tout, sans pitié aucune. Nul ne peut y survivre plus de quelques minutes, mais toi, enfant, tu y as dormi un long moment avant que je n'aie le courage de voir ce qui le mettait dans une rage pareille.
-
Je ne comprends pas, s'étonna la petite fille. Le Néant peut se fâcher ? Il est vivant ? Comment se manifeste sa colère ?
- Oui, il est vivant, et sa fureur a fait trembler le sol de ce royaume comme au jour où je suis parvenue à l'enfermer. J'ai craint que la secousse de brise mes soeurs de glace, ajouta-t-elle en effleurant du regard les admirables statues que le soleil faisait briller. Après avoir hésité à le braver au risque de lui permettre de s'échapper, je suis tout de même descendue dans sa prison, mais non sans avoir chanté un sortilège pour le paralyser ; apparemment, il n'est pas indifférent à la musique, et c'est ainsi que j'ai pu le piéger autrefois, d'ailleurs... Quoi qu'il en soit, que tu n'aies pas été détruite malgré le temps passé là-bas me laisse penser que tu peux sauver cet endroit. Emprisonner le Néant n'a fait que ralentir la mort de mon pays. Malgré tout, je suis la dernière survivante, et encore... La glace m'envahit peu à peu. Bientôt, mon coeur sera gelé, et alors... alors le Noir Absolu pourra s'échapper et engloutir le royaume des fées. »

 

Juliette demeura silencieuse. Elle, détruire le Néant ? mais comment ? Elle, frêle petite fille de neuf ans, secouée par son accident et la découverte de cet endroit gelé, se trouvait tout à coup investie d'une mission colossale, qu'un héros de légende eût été plus à même d'accomplir...

La voyant préoccupée, la fée de glace reprit :

« Juliette, ne te soucie de rien, tu vaincras le Néant sans même t'en rendre compte, tant ce sera aisé pour toi... Viens plutôt avec moi, je vais te faire visiter ma demeure. »

 

L'enfant acquiesça et prit la main qu'on lui tendait. Elle frissonna à ce contact glacé.

 

...............................

 

Au cours des premiers jours passés en ce royaume mourant, Juliette, intimidée par l'éclat diamantin du paysage et par les yeux d'argent de son hôtesse, ne sortit guère de la vaste et blanche demeure où elle était hébergée. Pourtant la Dame au visage scintillant s'occupait d'elle avec une tendresse toute maternelle, et rien n'était plus fascinant que les fabuleuses tours de glace parées d'or par le soleil... et petit à petit l'enfant s'enhardit et se décida à explorer l'étrange forêt de glace. Elle admirait les tours translucides qui dominaient les lieux, s'extasiait sur la lumière projetée au sol quand les rayons du soleil traversaient les stalactites cristallines, riait quand un souffle de vent froid lui chatouillait le visage et lui soufflait ses secrets à l'oreille. Alors la brise semblait se réchauffer un peu, et la petite fille, ravie, lui offrait gaiement son visage.

Comme elle en parlait, un soir, à la fée de glace, celle-ci lui demanda en souriant :

« Et quels sont les secrets que te conte le vent ?

- Il me parle d'espoir, et de printemps. Et...
- Oui ? Que dit-il encore ? l'encouragea-t-elle.

- Il me parle d'avant...
- D'avant ?
- D'avant que je me retrouve ici par accident.

Juliette poussa un soupir. Même si elle se plaisait ici, ses parents lui manquaient, et l'école, et la danse... Depuis combien de temps n'avait-elle pas eu un cours de danse classique ? Tout à coup, cela lui manquait. Sa gorge se serra.

La fée au visage de glace voyait bien que la fillette était préoccupée, et qu'elle regrettait sa vie dans le monde des hommes. Curieusement, toutefois, la blanche dame n'en éprouva nulle compassion. Sans doute son coeur était-il gagné par le froid, lui aussi... Tant que la petite ne retrouverait pas la plénitude et le bonheur, elle ne pourrait vaincre le cercueil de glace que le Néant tissait autour du royaume depuis sa prison.

Cependant, elle décida de reporter le problème au lendemain. Juliette avait visiblement besoin d'un peu de solitude pour se consacrer à ses souvenirs. Une fois qu'elle aurait fait son deuil de son passé, elle pourrait accomplir sa tâche.


- Il est tard, Juliette, murmura-t-elle en se levant. Tu devrais aller te reposer.

- Oui. Bonne nuit, reine de l'hiver...
- Bonne nuit, enfant. »

 

La fée regarda la petite fille quitter le salon en silence. Elle ressentait en son coeur un sombre pressentiment : Juliette l'avait appelée reine de l'hiver, la faisant involontairement tressaillir à ce nom. Ainsi enchaînée à un triste destin, la jeune femme maudite comprit que les glaces auraient raison de sa vie, même si la fillette venait à vaincre l'ennemi de son royaume mourant.

 

 

Juliette ne parvenait pas à trouver le sommeil. Blottie sous ses draps, les yeux fixés sur le plafond enluminé avec art, elle ne pouvait détourner ses pensées de sa vie d'antan, et de ses cours de danse en particulier. Il lui semblait entendre la voix de son professeur, comptant les mesures, nommant les pas, corrigeant la position d'une élève ; son âme résonnait des échos du piano dans la salle de danse... Elle se leva, brûlant de se mouvoir au son de cette musique imaginaire.

Par la fenêtre, la lune jetait sur l'enfant sa pâle lumière dans l'encadrement des sombres rideaux. Elle se plaça en cinquième position – pieds en dehors, collés l'un contre l'autre – le dos bien droit, le port de tête gracieux. Immobile, elle attendait... quoi ? le départ d'une nouvelle mesure. Enfin elle se mit à danser, avec une maladresse touchante d'abord – il y avait si longtemps qu'elle ne s'était entraînée ! - puis avec une confiance et une grâce croissantes. Un adorable sourire vint éclore sur ses lèvres.

Pendant ce temps, la fée se promenait dans le paysage enneigé qui étincelait sous l'astre nocturne. Pensive, elle se demandait quand Juliette aurait la force de chasser ce froid paralysant... Elle s'arrêta sous une arche gelée, caressa d'une main pâle et un peu raide une colonne de glace. Tout à coup, quelque chose de froid tomba sur ses cheveux ; surprise, elle y passa les doigts, et sentit qu'une mèche était humide ; ses yeux d'argent, reflet jumeau de la lune, se levèrent sur la voûte arquée pour y découvrir des gouttes d'eau...

« La glace fond... Oh, Juliette, tu as trouvé la paix du coeur et le bonheur de l'âme, enfin... Mais c'est trop tard, mon coeur ne peut déjà plus ressentir de joie à cette idée. »

Trop tard... Oui, elle mourrait bientôt, elle le savait maintenant. Elle mourrait sans savoir si cette fois, le Néant serait réellement anéanti...

Levant les yeux vers les fenêtres de sa vaste demeure,elle aperçut l'enfant qui dansait, légère, gracieuse, éthérée ; petite fée de l'enfance réchauffant le coeur de ce monde par la flamme enjouée de sa passion. La lune la nimbait d'un halo blanc, la parant de l'éclat d'une fleur de printemps tandis qu'elle dansait, dansait sa joie de vivre. Et par cette improvisation spontanée, elle recréait la vie autour d'elle.

 

Le sol trembla : le Noir Absolu, sentant le danger qui le menaçait, se démenait dans sa prison souterraine. Dans sa chambre, Juliette frémit et cessa de danser.

La fée sentit aussitôt le froid redoubler tandis que des nuages d'anthracite s'amoncelaient au-dessus d'elle. Sa voix claire s'éleva, empreinte d'encouragement bienveillant :

« Enfant, prend courage ! Ignore le Néant, il ne peut rien te faire. Danse, petite Juliette, danse ton enfance, tes joies, tes espoirs ! Danse et ne t'arrête pas, quoi qu'il advienne ! »

La petite fille l'entendit, malgré le vent qui commençait à souffler. Elle tenta d'esquisser à nouveau quelques pas, mais le coeur n'y était plus : terrorisée par les manifestations du Néant, elle semblait ne plus pouvoir prendre le dessus, et ses gestes, flous, saccadés, désordonnés, n'avaient plus rien de gracieux, ni d'ordonnés.

Un coup de tonnerre claqua, sec, brutal. L'obscurité était presque complète. La fée, dans l'étendue neigeuse, gémit et se courba, une main crispée sur son coeur. Quelle souffrance ! Il fallait tenir pourtant, sans quoi la chose monstrueuse qu'elle avait su séquestrer se libérerait... Mais que faisait la fillette ? Il fallait lui redonner courage...

« Juliette, pense aux moments les plus heureux de ta vie ! Vite ! »

 

L'enfant ne répondit pas, tétanisée. Elle se mit à fouiller fébrilement dans ses souvenirs, mais elle ne parvenait pas à arrêter son choix sur l'un d'eux, car en arrière-plan de ses pensées demeurait la terreur paralysante que la perspective d'échouer face au Néant générait en elle.

Nouveau coup de tonnerre. Un gémissement déchirant, inhumain, terrifiant déchira l'atmosphère oppressante, couvrant la voix grondante du ciel torturé.

« Reine de l'hiver ? » appela Juliette, angoissée.

Aucune réponse ne lui parvint.

« Hohé ? »

Rien.

Rien, si ce n'est le gémissement lancinant du vent. Brusquement, Juliette s'aperçut qu'elle ne voyait plus rien du tout, en fait... Le froid, mortel, s'insinuait en elle, et l'orage déchaîné lui parvenait comme étouffé. Elle comprit alors que la fée était morte et que le Noir Absolu s'était libéré. Les larmes aux yeux, elle trouva enfin la force de lutter. La danse qu'elle entama était lente, intense, mouvante, expression du cours tranquille d'une vie paisible. Ses mouvements fluides et légers rappelaient la glace qui fond lentement, la fumée paresseuse qui s'élève nonchalamment d'un feu de bois chaleureux, les rayons du soleil qui se coulent au dessus de l'horizon par un matin printannier.

C'est alors qu'autour d'elle, elle put distinguer le sol blanc, la haute croisée, la chambre richement ornée. Elle se mit à danser plus vite – ce n'était plus l'éveil après un long hiver, mais l'activité joyeuse du printemps. Plus légère qu'un oiseau, la petite fille bondissait souplement, tournoyait gaiement, insaisissable, légère, gracieuse. Oui, elle pouvait vaincre le Néant ! Elle laissa échapper un sourire ravi ; un rayon de lune vint percer les ténèbres... Encouragée par ce succès, elle se lança dans une série de pas enjoués, vifs, précis ; s'éleva en un grand jeté silencieux, parut un instant planer, pâle cygne auréolé par le flot de lumière opaline diffusée par l'astre nocturne... Dans le ciel pâlissant, un vol d'oiseau passa en lançant un appel joyeux. Il sembla soudain à Juliette que sa poitrine, libérée d'un grand poids, pouvait enfin respirer normalement, sans à coup, profonde : elle avait le sentiment d'émerger à l'air libre après un séjour prolongé sous l'eau, en apnée... Les couleurs des arbres fleuris, libérés de leur gangue cristalline, lui paraissaient plus vives que d'ordinaire dans l'atmosphère pure, comme si jusque-là, un voile translucide s'était toujours interposé entre elle et le monde. Les craquement de la glace en train de fondre et de se briser lui paraissaient plus sonore, et le vent chargé soudain de parfums printaniers lui caressait les joues. Elle toucha de nouveau terre, souplement. Et comme elle comprenait qu'elle avait vaincu le néant, Juliette, ravie, redevint une simple fillette.

« J'ai réussi ! Reine de l'hiver, j'ai chassé le Néant de votre royaume ! »

Elle sortit de sa chambre en trombe, dévala les escaliers, traversa le grand hall ; quand elle franchit le portail, elle cligna des yeux, éblouie par la splendeur de l'aube. La neige avait disparu, remplacée par un tapis de jonquilles. La glace avait fondu, et les tours étincelantes avait cédé la place à de hauts arbres renaissants... Cependant l'enfant ne se laissa distraire ni par le pépiement de moineaux venus d'on ne sait où, ni par les senteurs enivrantes des fleurs qui offraient leur corolles aux rayons du soleil levant. Elle cherchait une certaine dame au visage à demi gelé mais d'une grande beauté. Parcourant des yeux le paysage féérique, elle la vit enfin, allongée dans les fleurs. Elle s'approcha vivement, s'agenouilla, posa la tête sur sa poitrine.

« Morte... J'ai agi trop tard, bien trop tard ! »

Les larmes aux yeux, Juliette contempla la morte, libérée de la glace qui avait commencé à l'atteindre quand elle l'avait rencontrée : sa peau demeurait pâle, mais ne présentait plus cette blancheur bleutée du givre ; les cheveux, blonds, cascadaient sur ses épaules et son cou gracile ; et les prunelles, entre les longs cils, jetaient leur éclat bleu sur un monde qu'ils ne voyaient plus. En fait, remarqua la fillette, la fée ressemblait à sa mère pour la forme du visage et la silhouette fine ; à son père pour ses yeux en amande et le nez fin, légèrement busqué. Douleur violente au coeur, frisson d'appréhension : Juliette réalisa tout à coup qu'elle-même ressemblerait à cela quand elle aurait atteint l'âge adulte.

Mais alors...

 

Alors, elle n'en avait pas terminé avec le Néant !

Publié dans nouvelles

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P
<br /> Bonjour! Je viens tout juste de découvrir ton blogue par le biais de la communauté.<br /> <br /> J'ai réellement adoré ton histoire : que de sensibilité! Belle imagination et bonne suite dans les idées! Bravo! Je compte m'abonner à ta News et revenir...<br /> <br /> Mon propre blogue débute à peine. N'hésite pas à venir y faire des tours et à commenter mes écrits : la critique constructive aide à s'améliorer!<br /> <br /> Bonne journée et continues ton beau travail!<br /> <br /> <br />
Répondre
E
<br /> <br /> Bonjour,<br /> Je te remercie pour ton enthousiasme :) Tu seras la première à t'abonner à ma news, je vais enfin pouvoir la mettre en place... Je vais de ce pas jeter un coup d'oeil à tes écrits :)<br /> <br /> <br /> Bonne journée !<br /> <br /> <br /> <br />