La nuit de l'étrange (9)
Oui, Angelica s'y connaissait en symboles. Un peu. Elle avait un ami qui s'était passionné pour la signification des symboles et qui lui en avait appris beaucoup à ce sujet. Oui, elle pouvait le contacter, bien sûr. Il lui donnerait tous les renseignements qu'elle voudrait. Le pentacle ? D'accord. Elle en prenait note, mais elle ne contactait pas son connaisseur cette nuit même. Elle attendrait le lendemain matin, ce n'était pas une heure pour appeler les simples civils. D'accord, oui, non, aucun souci, à demain, Nils, essayez de dormir, vous vous surmenez.
L'inspecteur Legris raccrocha, satisfait. Enfin, l'enquête pouvait avancer ! Le lendemain, il vérifierait avec sa jeune coéquipière que la dernière scène de crime ne leur livrerait pas d'autre indice, et en profiterait pour examiner au grand jour les inscriptions sur le mur. Ensuite, il se rendrait chez un suspect, pendant qu'elle interrogerait l'autre ; à moins que les deux hommes ne travaillent le samedi... dans ce cas, le duo prendrait rendez-vous avec eux dans la soirée. Cependant, il était peu probable que M. Dolmert, celui qui enseignait, ne soit pas disponible. Seul M. Elohim risquait de ne pas être chez lui ce jour-là.
A présent que l'adrénaline était retombée, la fatigue se faisait sentir. Nils bâilla, s'étira et décida d'aller se coucher. A peine s'était-il glissé entre les draps qu'il sombra dans un sommeil sans rêves.
Dehors, les voix flûtées des oiseaux se mêlaient en un coeur joyeux, et le soleil rayonnait. Un de ses rayons taquins vint frapper les paupières closes de Nils. Il ne réagit pas, tout d'abord. Puis, il eut soudain consience de baigner dans une sorte d'obscurité rose. Au même moment, il sentit la chaleur de l'astre de feu sur son visage, et il ouvrit les yeux, en rabattant son bras par réflexe pour les protéger. C'est là qu'il se rendit compte que son réveil n'avait pas sonné.
"Et m... ! jura-t-il en bondissant hors du lit. Il était parfaitement réveillé, à présent. Quelle heure était-il donc ? Il jeta un oeil à son réveil. L'heure clignotait, déréglée.
"Encore une fichue panne d'électricité... Bon sang, j'en ai ras-le-bol !"
Tout en enfilant une robe de chambre, il murmura pour lui-même qu'il fallait absolument qu'il appelle sa coéquipière pour s'excuser. Comme il saisissait son cellulaire, on sonna à la porte d'entrée. Il fonça.
"Bonjour, inspecteur ! Oh, mais, quelle mine affreuse ! Est-ce que tout va bien ? lança une voix douce.
- Angelica... Désolé, je... j'allais justement t'appeler. J'ai eu une panne de courant, apparemment, et mon réveil...
- n'a pas sonné. Rassurez-vous, j'ai eu le même problème ! Seulement, j'utilise mon téléphone comme réveil supplémentaire, par sécurité. Puis-je entrer ?
- Oh, bien sûr, bégaya l'homme en passant la main dans ses cheveux hirsutes.
- Merci, Nils."
Elle lui adressa un de ses fameux sourires et passa le seuil. Elle le suivit dans le salon.
"Tu veux un thé, un café ? Je n'ai pas encore pris mon petit-déjeuner, alors si tu veux...
- Un thé, s'il te plaît.
- Parfait. Je te prépare ça."
Il s'éclipsa dans la cuisine quelques minutes, avant de revenir vers Angelica, un plateau entre les mains. Il le posa sur la table basse, devant le canapé où s'était assise la jeune femme, avant de s'installer à son tour.
"Bien, et mantenant, pourquoi ne pas m'avoir passé un coup de fil, tout simplement ?
- Parce que j'ai beaucoup à dire au sujet du pentagramme. J'ai rendu visite à mon ami ésotériste en début de matinée. Ce symbole a revêtu bien des significations dans l'histoire... et toutes sont à prendre en compte tant que nous n'en savons pas plus sur notre tueur.
- Bien. Je suis impressionné par ton efficacité ! Alors, au rapport."
La jeune policière acquiesça de la tête, et commença à lui expliquer tout ce qu'elle avait appris.